Localisation des douleurs liées au cancer
Bouche
Des douleurs dans la bouche lors du cancer et de son traitement sont fréquemment la conséquence d’une mucite orale. Une mucite orale correspond à une inflammation de la muqueuse de la bouche (revêtement interne de la bouche). Elle peut aussi s’étendre sur l’ensemble de l’appareil gastro-intestinal (de la bouche à l’anus).
La mucite orale se caractérise par des rougeurs, des érosions, des ulcérations, des aphtes et des douleurs. Elle peut entraîner une gêne parfois majeure pour le patient avec des difficultés pour s’alimenter et avaler, pouvant conduire à un impact significatif sur la qualité de vie.
C’est un effet indésirable de certains médicaments anticancéreux, et de la radiothérapie dirigée au niveau de la face et du cou. Elle est cependant réversible et s’améliore progressivement à l’arrêt de la thérapie responsable.
Au-delà des traitements reçus, il existe aussi des facteurs de risque individuels comme le tabagisme, une mauvaise hygiène buccale, le jeune âge, l’état nutritionnel et un faible taux de globules blancs avant le début du traitement.
Une reconnaissance et une prise en charge précoce de la mucite est essentielle. La prise en charge de la mucite orale repose sur la mise en place de mesures hygiéno-diététiques incluant :
> Des soins bucco-dentaires, telles qu’un brossage dentaire régulier et de préférence avec des brosses à dents souples, des bains de bouches pluriquotidiens au bicarbonate de sodium (éviter les bains de bouche contenant de l’alcool, et un nettoyage des prothèses dentaires amovibles le cas échéant.
> Des mesures alimentaires, telles qu’une alimentation pâteuse (éviter les aliments croustillants), l’éviction des épices, des aliments acides, de l’alcool, et des aliments/boissons trop chaudes (brulante).
> L’arrêt du tabac.
En cas de douleur invalidante, des traitements anti-inflammatoires locaux (corticoïdes topiques), des bains de bouche à base de morphine, des analgésiques ou certains lasers peuvent être indiqués. Parfois, il peut être nécessaire de modifier la dose des médicaments anticancéreux voire interrompre le traitement. Source : INCa / Société Française de Dermatologie – Brown et Gupta. JCO Oncol Pract. 2020. doi: 10.1200/JOP.19.00652.
Mains & pieds
Des douleurs affectant spécifiquement les mains et les pieds peuvent être la conséquence directe d’effets indésirables des traitements anticancéreux, principalement des médicaments anticancéreux.
Les neuropathies périphériques chimio-induites peuvent être associées à des douleurs neuropathiques affectant les deux mains et/ou les deux pieds, associées à des picotements, des fourmillements, et des engourdissements. Ces douleurs sont la conséquence de lésions des nerfs périphériques induites par les traitements anticancéreux.
Le syndrome main-pied est un effet indésirables caractéristiques du 5-Fluorouracile et de la capécitabine, qui se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Il se caractérise par des rougeurs, des démangeaisons, un gonflement, une sécheresse, des cloques, des ulcérations et des douleurs.
Le syndrome main-pied ne met pas en jeu le pronostic vital, mais peut impacter significativement la qualité de vie.
Il n’est pas possible d’empêcher l’apparition du syndrome main-pied, mais quelques conseils peuvent limiter les lésions, comme :
- garder une peau propre pour éviter les surinfections,
- garder une peau hydratée (crème hydratante neutre sans parfum),
- protéger vos mains avec des gants de travail lorsque nécessaire,
- porter des chaussettes en coton,
- éviter les contacts répéter avec le chaud ou le froid…
En cas de gènes ou de douleurs, il est nécessaire d’en discuter avec votre infirmière référente ou votre oncologue.
Source : INCa / Société Française de Dermatologie
Articulations
Des douleurs articulaires (arthralgies) peuvent apparaitre notamment dans le cas d’une hormonothérapie (traitements proposés dans le cancer du sein et de la prostate). Les arthralgies les plus couramment décrites sont associées aux médicaments appelés anti-aromatases (cancer du sein hormonodépendant de la femme ménopausée), qui affectent en moyenne 46% des patientes. Ces arthralgies sont caractérisées par des douleurs symétriques des articulations associées à une raideur, des mains, des poignets, des genoux, des chevilles et des épaules, et pouvant être accompagnées d’une faiblesse musculaire et de douleurs musculaires.
Pour la prise en charge thérapeutique, il faut en discuter avec votre oncologue, et celle-ci reposera sur l’usage d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et de paracétamol. Il faudra éviter l’usage d’opioïdes. Une activité physique adaptée à votre condition sera intéressante pour diminuer la douleur et la raideur articulaire, et améliorer la force musculaire et la qualité de vie. Source : Hyder et al. Front Endocrinol 2021