La chimiothérapie

Généralités

La neuropathie périphérique chimio-induite est un effet indésirable neurologique induit par certains médicaments anticancéreux, tels que les sels de platine (cisplatine, carboplatine, oxaliplatine), les taxanes (paclitaxel, docétaxel), les alcaloïdes de la pervenche (vincristine), l’éribuline, le bortézomib, ou la thalidomide. A noter que ces anticancéreux sont utilisés pour la prise en charge de nombreux cancers (bronchopulmonaire, digestif, ovaire, sein, prostate, cancer du sang) et peuvent donc être à l’origine de la douleur des cancers.

Sous le terme de neuropathie périphérique, il faut comprendre que c’est une affection touchant les nerfs périphériques qui se traduit le plus souvent par des désordres sensitifs (fourmillements…), parfois des désordres moteurs (crampes, faiblesses musculaires), et plus rarement par des désordres végétatifs (difficultés à uriner, étourdissement, vertiges, vision floue lorsque que l’on passe de la position allongée à la position debout).

Les désordres sensitifs sont certainement les désordres les plus invalidants chez les patients. Ils se traduisent par des fourmillements, des picotements, voire un engourdissement des mains et/ou des pieds (on parle d’une distribution en « gants et chaussettes »). Ils peuvent également s’accompagner de douleurs spontanées ou provoquées par des différences de températures (par exemple : une sensibilité exagérée au froid induite par l’oxaliplatine au niveau de la bouche et/ou de la gorge, des mains, des pieds), ou par le contact d’objets (par exemple : le frottement sur la peau).
Ces désordres sensitifs peuvent toucher jusqu’à 50 à 60 % des patients traités par ces anticancéreux.

Le plus souvent la neuropathie périphérique va s’installer au fur et à mesure de la répétition des injections d’anticancéreux. Parfois, les désordres sensitifs apparaissent très rapidement après la perfusion de l’anticancéreux, quelques heures ou jours, comme dans le cas de l’oxaliplatine, et le plus souvent régressent en quelques jours. Enfin, il est possible aussi que les symptômes apparaissent ou s’aggravent après la fin de la chimiothérapie (c’est le cas pour les sels de platine). Les symptômes régressent avec le temps, mais plus ou moins rapidement selon les individus et les traitements anticancéreux reçus.

Prévention​

Les recommandations internationales ASCO – American Society of clinical Oncology et ESMO – European Society for Medical Oncology), ne proposent pas de stratégie préventive. Il est important de noter que l’acétyl-L-cystéine (complément alimentaire) ne doit pas être utilisée en prévention.

Traitement​

Un seul traitement est recommandé pour les douleurs associées à ces neuropathies périphériques : la duloxétine (niveau de recommandation modérée). Comme la prise en charge reste limitée, les oncologues doivent évaluer et discuter avec les patients, en fonction de l’intensité des symptômes, de l’opportunité de retarder, de réduire ou d’arrêter le traitement anticancéreux, voire de le substituer par un traitement ne provoquant pas de neuropathique périphérique.

En cas d’absence de réponse, d’autres traitements peuvent être proposés en 2ème intention : prégabaline, venlafaxine, amitriptyline, voire opioïdes.

Les approches non médicamenteuses, également appelées thérapies complémentaires, peuvent également être utilisées dans le cadre d’une prise en charge globale des symptômes douloureux. 

Conseils à donner aux patients :

  • Faire attention au contact des objets chauds ou froids pour ne pas provoquer de sensations désagréables.
  • Être prudent lors de la manipulation d’objets coupants ou dangereux (rasoir, couteau, scie…), car la neuropathie peut entraîner une altération des mouvements fins.
  • Être vigilant dans les escaliers et en voiture, car la neuropathie peut entraîner une perte de sensibilité des pieds.
  • Encourager la pratique d’une activité physique adaptée à la condition de la personne, comme ce serait également le cas pour les patients suivant par exemple un traitement par radiothérapie.